Dépêche sous licence CC BY-SA
En ce mardi 15 novembre 2016, le projet Fedora est fier d’annoncer la sortie de la distribution GNU/Linux Fedora 25.
Fedora est une distribution communautaire développée par le projet éponyme et sponsorisée par Red Hat, qui lui fournit des développeurs ainsi que des moyens financiers et logistiques. Fedora peut se voir comme une sorte de vitrine technologique pour le monde du logiciel libre, c’est pourquoi elle est prompte à inclure des nouveautés.
Fedora garde un rôle central dans le développement de ces nouveautés via le développement en amont. En effet, les développeurs de la distribution contribuent également directement au code d’un certain nombre de logiciels libres contenus dans la distribution, dont le noyau Linux, GNOME, NetworkManager, PackageKit, PulseAudio, X.Org, systemd, la célèbre suite de compilateurs GCC, etc. Cliquez ici pour voir l’ensemble des contributions de Red Hat.
Par ailleurs, les distributions telles que RHEL, Scientific Linux ou CentOS (plus indirectement), avec un cycle de sortie plus espacé permettant un support à plus long terme, sont développées à partir d’une version de Fedora et mises à jour environ tous les trois à cinq ans. Notons que CentOS est un clone gratuit de RHEL, cette dernière étant certes libre, mais payante, offrant ainsi un support technique, des certifications et une garantie.
Environnement bureautique
La nouveauté la plus importante est sans contexte la mise à disposition par défaut de Wayland pour l'environnement bureautique GNOME. Fedora devient ainsi la première distribution majeure à faire ce choix, pour promouvoir ce projet novateur annoncé il y a 8 ans maintenant. Wayland consiste à une remise à plat du serveur graphique historique X11 (qui a plus de 30 ans) en tenant compte de l'évolution des usages et de l'architecture de nos machines aujourd'hui. Wayland vise à améliorer la sécurité du système, en évitant qu'une application quelconque puisse dessiner sur d'autres applications par exemple. Il pourrait à terme améliorer les performances, en exploitant pleinement l'accélération matérielle par les cartes graphiques. Puis il devrait améliorer la fiabilité du système, en améliorant l'architecture du programme et en facilitant sa maintenance.
Cependant, si Wayland commence à devenir mature, de nombreuses fonctionnalités restent à proposer par rapport à l'expérience proposée par X11. C'est pourquoi, à l'ouverture de la session GNOME, il reste possible de choisir X11. Pour ceux qui n'ont pas besoins de ces fonctions, l'usage de Wayland devrait être totalement transparent. Fedora espère proposer toujours plus de technologies innovantes et modernes et récolter beaucoup de retours afin de l'améliorer avant une éventuelle généralisation à d'autre distribution. Notons que si les autres environnements comme KDE peuvent exploiter Wayland, la stabilité n'est pas jugée encore suffisante pour proposer cela par défaut.
Nous en avions parlé pour Fedora 24, l'utilitaire LiveUSB Tools est la méthode de téléchargement de Fedora par défaut. L'objectif est en effet que l'utilitaire télécharge et installe très simplement une version spécifiée de Fedora, qui peut être un Spin par exemple. Cela évite notamment de devoir graver l'image disque à la main sur clé USB ou CD, étape compliquée pour trop d'utilisateurs potentiels. Cette fois, l'utilitaire est disponible pour Windows et macOS également, d'où la mise en avant pour cette version.
La distribution propose de mieux exploiter les machines avec deux cartes graphiques, une intégrée au processeur et une autre externe. Cette configuration, très populaire sur les ordinateurs portables récents permet en temps normal d'avoir une carte graphique minimale suffisante pour la bureautique qui consomme peu d'énergie et d'utiliser la carte externe pour les applications gourmandes. Jusqu’ici, sans outil externe, votre environnement fonctionnait avec une carte graphique seulement et sans possibilité de changer celle en fonction à chaud. Aujourd'hui, celle intégrée au processeur est utilisée par défaut. Puis, en cas de besoins, vous pouvez lancer un logiciel sur l'autre carte graphique. Cela nécessite de lancer le programme avec la variable d'environnement DRI_PRIME=1.
Administration système
Fedora poursuit le changement opéré par Fedora 24, avec la suppression des algorithmes de sécurité obsolètes TC4 et SSL 3.0 dans la bibliothèque NSS. Après les bibliothèque OpenSSL et GnuTLS, cela concerne donc cette fois les applications de Mozilla ou curl. Cela permet d'améliorer la sécurité des applications en empêchant l'utilisation de ces protocoles qui ne sont plus sécurisées.
Deux liens symboliques liés à SSH sont supprimés : slogin et ssh-keygen. Le premier était un lien symbolique vers ssh lui même pour la compatibilité avec d'anciens systèmes mais qui a été supprimé par le projet officiel il y a peu et Fedora a décidé d'en faire autant. Le second était un script notamment d'init pour générer les clés SSH. Cependant, avec le passage à systemd, il a été supprimé et les applications qui ont besoin des clés SSH disponibles sur le système devront dépendre du service systemd sshd-keygen.target.
La bibliothèque UDisks2 a été remplacé par Storaged. Cette bibliothèque est en fait un fork de UDisks2 pour proposer des plug-ins orientés pour l'entreprise pour gérer les volumes LVM2 et iSCSI et gère aujourd'hui également Btrfs, BCache, LSM et ZRam. Cependant la compatibilité binaire et DBus a été préservée. Cela concerne la plupart des logiciels qui s'occupent des espaces de stockages tels que GVFS, GNOME Disques, blivet ou Cockpit.
Cloud
Développement
Internationalisation
La norme UNICODE 9.0 fait son entrée dans Fedora 25. Cette mise à jour apportée dans les bibliothèques de base de la distribution telle que glibc permet de la répercuter sur l'ensemble des applications. Elle apporte près de 7500 caractères, environ 70 emoji et ajoute ou améliore la gestion de certaines langues asiatiques et africaines.
L'assistant à la saisi IBus a bénéficié de deux améliorations importantes. Tout d'abord, son aide à la saisie rapide gère les emoji. plutôt que d'insérer manuellement les caractères UNICODE correspondants, ici ils seront donc suggérés. Ce même assistant qui suggère des mots durant la frappe peut supporter plusieurs langues à la fois. Ainsi il est possible d'autocompléter le terme en cours en anglais alors que la phrase est en français et inversement.
Du côté du Projet Fedora
L'image minimale de base de Fedora ne dispose plus des paquets Perl pour l'alléger d'environ 20 Mio et simplifier sa maintenance. Cette image de base, qui pèse aujourd'hui 527 Mio, est utilisée par Koji pour tester l'installation d'un ensemble de paquets essentiels pour toutes les images de Fedora. Elle est aussi exploitée par les empaqueteurs pour s'assurer du bon fonctionnement d'une mise à jour ou d'un nouveau paquet. Cela leur offre donc également un gain de temps important à terme.